Iconographie, photographie et histoire des animaux domestiques et de leur terroir
Il faudra un dernier catalyseur pour que le projet démarre enfin. Erick Beaufils, alors maire de Gouville-sur-Mer et désormais vice-président du conseille général de la Manche, aura la bonne idée de présenter ces deux précurseurs ainsi que de leur accorder la subvention nécessaire à l'investissement de départ. Visionnaire avant l'heure, l'élu local s'enthousiasme pour ce projet à la fois : « touristique, utile, médiatique et durable ! »
Norbert et Gérard, fondent l'association avec d'autres cochers des environs afin que la contrainte en temps et en fourniture de chevaux ne soit pas trop pesante. Le concept est simple. En partant des ateliers de Gérard Macé, dans la zone ostréicole, ils embarquent directement les visiteurs pour une promenade de deux heures au milieu de l'estran, avec explication des activités et dégustation d'huitres. Chaque projet a sa part d'inconnu, mais néanmoins, le demi-échec de la précédente expérience de Norbert va lui permettre de se poser la bonne question : le dimensionnement des attelages ? Si la mairie et l'office du tourisme encouragent ce projet de bon sens par l'aide au financement et la prise en charge des réservations auprès du grand-public, l'activité n'est valable que deux à trois mois par an. Ils se tournent alors vers les autocaristes qui sillonnent la région toute l'année grâce au flux des visites engendré par la proximité du Mont Saint Michel. Ces derniers se montrent enthousiastes, mais à condition de pouvoir accueillir en une seule fois de 40 à 60 adultes, soit une seconde et une troisième voiture hippomobile. De nouveau la mairie joue le jeu et accepte de financer l'apport de départ, nécessaires au démarrage du projet touristique.
Le mot du maire
Contacté par téléphone, Erick Beaufils aujourd’hui premier vice-président du Conseil général de la Manche témoigne de son engouement resté intact pour les attelages des grandes marées.
« Moi même amateur de chevaux de sang, j’avais déjà imaginé quelques projets similaires pour ma retraite, alors quand Norbert Coulon m’a exposé son projet… j’ai foncé. Le temps m’aura donné plus que raison. En finançant à hauteur de 75 000 euros la fabrication des voitures hippomobiles, la commune a finalement économisé au moins dix fois cette somme en publicité et affichage en tout genre. De plus, le bénéfice est palpable chaque année, c’est un coup de projecteur sur Gouville-sur-Mer, du passage pour les commerces de services, des milliers de visiteurs au milieu des parcs à huîtres, mais aussi la télévision une à deux fois par an… Un élu local n’est pas toujours très riche, mais il doit sentir lorsqu’un de ses administrés a un bon projet, il faut calculer avec du bon sens, et à long terme ! Les chiffres ne sont pas toujours un indicateur fiable. » Erick Beaufils, évoque alors que la condition de son adhésion au projet était que la capacité d’accueil soit au moins équivalente à celle d’un autocar, ce qui impliqua la fabrication, non pas de une voiture, mais de trois ! L’entretien reprend sur le ton de l’éloge envers Norbert et Gérard, puis s’oriente vers les conseils aux élus locaux : « Ils ont tout à gagner, il ne faut pas le voir comme un coût. Un tel attelage est une publicité formidable, c’est un vrai placement. Notre boulot d’élu local c’est de révéler les forces motrices et d’encourager leur ascension. Norbert prépare d’ailleurs un projet révolutionnaire pour la Normandie et les chevaux de trait, mais il n’est pas encore temps d’en parler ! »