Iconographie, photographie et histoire des animaux domestiques et de leur terroir
Le CRAPAL
Conservatoire des races animales
en Pays de la Loire
Bien que la loi sur l’Élevage de 1966 n’ait nullement prévu que des races devraient disparaître ou ne plus subsister qu’à l’état de traces, la rapidité avec laquelle, dans un contexte économique fait d’une dégradation des termes de l’échange, les races les plus productives se sont développées et beaucoup d’autres, effondrées, a surpris. Le développement agricole s’en est rapidement accommodé, considérant cette évolution comme inéluctable et trouvant son compte dans une simplification des modèles à promouvoir. Dans les décennies 1970 et 1980, toute remarque critique à l’égard de cette évolution vouait son auteur à se faire qualifier, au mieux de rêveur passéiste, au pire, d’incompétent.
La prise de conscience du danger qu’il y avait à laisser le processus d’extinction de nombreuses races s’enclencher a d’abord été internationale, à propos des pays en développement, à l’initiative des Nations Unies et de la FAO. En France, la Société d’ethnozootechnie organisa en 1974, à l’École vétérinaire d’Alfort, une première réunion sur le thème des «races en péril». Dans la région Pays de la Loire, quelques initiatives, émanant d’universitaires (J.-Cl. Demaure), d’associations (Société des sciences naturelles de l’Ouest, présidée alors par Mme Poisbeau) et d’éleveurs (J. Guillaud, M.-P. Dahiez notamment), ont été prises. En 1994, la Région, grâce à G. Dapremont et A. Thébaud, décida de soutenir les races bovines Maraîchine et Nantaise puis, quelques années plus tard, l’ensemble des «ressources génétiques» menacées, par l’intermédiaire d’un «Conservatoire des races animales en Pays de la Loire» constitué sous forme associative. Ce dernier gère les crédits régionaux et assure un gros travail d’animation auprès des éleveurs.
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(Animateur du CRAPAL)
fresneau.crapal"@"free.fr
Les raisons de soutenir les races à faible effectif sont d’abord patrimoniales et culturelles, le consensus se faisant de plus en plus pour considérer que le patrimoine vivant est une composante du patrimoine tout court. Elles sont ensuite économiques, les races locales ajoutant une dimension importante à des produits du terroir traditionnel commercialisés dans le cadre de microfilières de «haut de gamme». Elles sont enfin génétiques, rejoignant le souci bien établi aujourd’hui de la sauvegarde de la biodiversité. Les éleveurs qui ont, envers et contre tout, empêché que ne disparaissent des pans entiers de notre patrimoine vivant, revendiquent fort justement aujourd’hui, bien au-delà de la conservation, l’image d’acteurs d’une agriculture plurielle, méritant d’être justement rémunérés de leurs efforts. Les consommateurs éclairés, à condition d’être informés sur les sites possibles d’approvisionnement, peuvent contribuer efficacement, par leurs achats, à la sauvegarde du patrimoine vivant de leur région et à la diversité de l’agriculture.
(Numéro toujours disponible à la vente)
Remerciements :
Professeur Bernard Denis, Pdt CRAPAL
Régis Fresneau, CRAPAL
Rédaction de la revue 303
Un autre conservatoire, interrégional celui-là, le CREGENE (Conservatoire des ressources génétiques du Centre-Ouest atlantique), oeuvre plus particulièrement sur le territoire du Marais poitevin et étend son action aux variétés végétales anciennes. La région Pays de la Loire témoigne efficacement de son intérêt pour la conservation et la valorisation des anciennes races régionales d’animaux domestiques. Sur ce plan, elle se montre pilote car peu de régions sont actuellement en mesure d’attester une réelle conviction et une pérennité de leur action.
Conclusion
Les races d’animaux domestiques sont toutes nées dans une région donnée mais elles ont évolué de différentes façons. Certaines, peu nombreuses, ont accédé au rang de race nationale, voire internationale ; d’autres ont été fortement ébranlées, voire laminées dans le contexte économique de l’agriculture de la seconde moitié du XXe siècle. Fort heureusement, des résistances se sont fait jour, entravant la poursuite d’un processus d’extinction. Des éleveurs, souvent jeunes et très motivés, sont aujourd’hui engagés sur la voie d’une relance de la variabilité des types génétiques et des systèmes de production, concourant à la diversité génétique, agricole et culturelle. À l’instar de la région Pays de la Loire, aidons-les, par nos achats responsables notamment, car la préservation de la biodiversité implique certes une adhésion explicite à la cause, mais surtout un engagement de tous les instants.
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