Iconographie, photographie et histoire des animaux domestiques et de leur terroir
LES VACHES RUSTIQUES BRETONNES
La mort annoncée des vaches rustiques appartenant aux races traditionnelles bretonnes n'a pas eu lieu. Sauvées par des militants de la biodiversité et de l'agriculture naturelle, les Froment du Léon et autres Pie Noire bénéficient aujourd'hui de plans de sauvetage puis de relance de leur élevage, aiguillonnés par les crises sanitaires et les interrogations sur l'agriculture productiviste.
Armoricaine, Bretonne Pie Noir, Froment du Léon, Nantaise : il y a un demi-siècle, en Bretagne, ces vaches occupaient le paysage, leurs produits, carnés ou laitiers, trônaient dans les assiettes et elles étaient au centre des conversations des éleveurs. Depuis, elles ont été victimes de la course à la modernité, comme bien d'autres races rustiques. Leur raréfaction appauvrit le patrimoine vivant. Et puis, en pleine débâcle, une prise de conscience collective et une alarme scientifique ont hâté la mise en place d'un plan de sauvegarde.
«La vache est dans le pré». Certes, mais sa présence n'est pas le fruit du hasard. Avant de devenir agriculteurs, les hommes ont été cueilleurs et chasseurs pendant des milliers d'années. Nomades, nous croisons et poursuivons sans doute
des aurochs, pères communs de tous les bovidés. Peu à peu, nos ancêtres maîtrisent et élèvent les plus dociles de ces animaux sauvages qui, du coup, les accompagnent dans leurs déplacements. Au fil des siècles, traction animale et garde-manger se confondent et constituent un magnifique trésor.
"La vache d'ici"
Effet terroir. Dans le même temps, les populations bovines se diversifient, selon les lois de la nature et la volonté de l'homme. Comme tout être vivant, la vache s'adapte de manière spontanée au sol et au climat. Par exemple, la faible valeur nutritive des ajoncs et des genêts qui composent les landes morbihannaises a seulement permis
le développement d'un animal de taille modeste : c'est l'effet du terroir. On estime qu'avant le développement des moyens de transport, l'amplitude des déplacements humains se limitait à un rayon d'action d'une journée de marche, soit en plaine, une vingtaine de kilomètres. Le métissage des populations bovines ne s'est donc développé que très localement, à l'exception des zones littorales où les échanges sont plus aisés. Peu à peu, le savoir-faire paysan oriente et stabilise certains rameaux en fonction des qualités recherchées: «La vache d'ici !». En Bretagne, on évoque alors la Guingampaise, la Malouine, la Rennaise, la Rouge de Carhaix, la Léonnaise... A partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, l'amélioration des populations bovines devient une préoccupation, et (...)