La Normande du Perche Goüet
Le Perche Gouët est situé aux extrêmes confins des derniers vallons du Massif armoricain qui clôturent le Perche par le sud et des premiers paysages d’openfield s’ouvrant sur le Dunois et ses terres alluvionnaires du crétacé, qui s’étendent plus généralement dans toutes les plaines du Bassin parisien. Cette frontière naturelle est appelée ainsi en référence à Guillaume Gouët qui structura la résistance du pays contre les invasions anglaises au XIe siècle. Le Perche Gouët fut pendant longtemps le siège de la préparation des chevaux de labour vers la Beauce si proche : les seules étapes de saillie, de naissance et de dressage des chevaux étaient effectuées ici. Pendant les périodes de croissance, les chevaux s’en allaient plus haut dans le Perche pour être fortifiés.
De nos jours, on y trouve les derniers troupeaux laitiers d’Eure-et-Loir. Sous vos yeux, les génisses gestantes de race Normande viendront l’an prochain, dès le vêlage passé, remplacer les plus vieilles laitières du troupeau adulte dit « en lactation ». M. et Mme Dagonneau, propriétaires et exploitants d’un cheptel complet de 150 animaux, ont fait le choix depuis dix années de transformer* eux-mêmes une partie du lait de leurs vaches en fromages et produits laitiers pour les commercialiser sur les marchés locaux.
La vache Normande trouve légitimement sa place dans le Perche, elle a depuis un siècle et demi absorbé la vache Percheronne**. D’une manière plus générale, la Normande est le résultat de l’homogénéisation de toutes les petites populations de la Normandie : les Augeronnes du pays d’Auge, les Brayonnes du pays de Bray, les Cotentines…, ont été regroupées au sein de la première race bovine française en 1883. Selon Pierre Maizière, exploitant à Chandai au-delà de la frontière nord du Perche, et président ornais de la race, la Normande a su garder l’inspiration de ses populations « fondatrices ». Cette race possède d’excellentes aptitudes à valoriser les herbages naturels et les prairies en général : sa production laitière très riche est idéale pour la fabrication des produits laitiers, en particulier les fromages, elle est à l’origine des quatre AOC normandes. Néanmoins, elle a gardé sa mixité, sa capacité à produire autant le lait que la viande. Sa finesse de grain et son persillé en font un mets d’une qualité gustative incomparable. Au sein du Perche autant qu’en Normandie, restaurateurs, bouchers*** ou producteurs en vente directe vous proposent d’accéder à ce plaisir devenu rare de déguster un produit de la valorisation d’un terroir autant que celle d’un animal.
* Voir document du Perche sur les producteurs.
** Voir la légende de la vache percheronne.
***La bonne adresse : Boucherie-Charcuterie L’Éleveur à Longny-au-Perche.