Iconographie, photographie et histoire des animaux domestiques et de leur terroir
La race Normande
Vache laitière et bouchère, ses défenseurs la présentent comme la race idéale, mais malgré une réelle sympathie des consommateurs, ses effectifs chutent dangereusement. Aujourd'hui, comme la Bretonne Pie Noire en son temps, la « normande » abandonne chaque année un peu plus ses herbages de Normandie... Fertilité, rusticité, qualité, que sera la Normande dans un siècle ?"Une race locale issue d’un terroir multiple" C’est en fait la dernière étape d’un long et laborieux travail d’améliorations des petites populations bovines parfois localisées à l’échelle d’un canton et qui avaient pour seule raison d’être l’autosubsistance des fermes. Comme le reste du vivant, animal ou végétal, le bétail évolue lentement en fonction de différents paramètres : géologie, climat, et besoins des éleveurs dans le cas des animaux domestiques. Jusqu’au XVIIème siècle, dans une agriculture d’autosubsistance où les étables ne dépassent rarement 5 têtes, chacune d’entre-elles est un capital inestimable. Extrêmement adaptées à leur environnement direct, on peut imaginer que des centaines de ces populations ancestrales faisaient référence à différentes échelles territoriales : La Brayonne au Pays de Bray, la Percheronne au Perche, … Cela étant, le bétail est souvent peu productif et d’apparence très divers, ce qui permet néanmoins de valoriser l’herbe et les autres compléments. La fondation de la race normande, s’appuie donc sur une diversité aussi large que les centaines de communes qui composent les cinq départements de sa région. Néanmoins le fait de réduire à trois populations ses origines est révélateur du premier entonnoir de diversité génétique qui marque la création de cette race. Meurtrière à bien des égards, la Seconde guerre mondiale fera des ravages considérables dans ses effectifs. Néanmoins, comme pour sa très lointaine cousine la Charolaise, les efforts de sélection réalisés très tôt dans le XXème siècle vont lui permettre de répondre immédiatement aux besoins productivistes de l’après-guerre. Ainsi, pour nourrir une société qui meurt de faim, une société qui prépare son exode définitif vers les villes, pour fournir en main d’œuvre une industrie en plein essor, le modernisme atteint lui aussi la campagne. Les éleveurs de normandes diffusent alors largement la race dans toute la moitié nord de la France. Avec un coup d’avance car déjà standardisé, elle remplace des populations bovines locales qui n’ont pas eu le temps de s’adapter aux nouvelles exigences d’une agriculture toujours plus productiviste. La Pie noir Bretonne, La Vendéenne (désormais Parthenaise), La rouge Flamande … vont payer un lourd tribut au développement de la vache Normande.